L’obscurité tomba brusquement sur les terres désertiques de Melrath Zorac, dont les lueurs lointaines s’étouffaient dans la masse sombre. Un vent léger bousculait les branches des arbres dénudés. Quelques rares feuillus agitaient faiblement leurs feuilles jaunies de la chaleur oppressante qui ne s’estompait que maigrement en cette heure tardive.
Non loin des quelques créatures rassemblées à même le sol, la vieille aubergiste songea à s’abriter. Elle lança un dernier regard vers la voûte céleste, vers les innombrables scintillements des étoiles. Un ciel clair.
« La pluie n’est pas d’actualité » pensa-t-elle.
Elle fixa l’horizon une dernière fois, scruta vainement les reliefs qui sombraient dans la nuit, puis elle disparut dans l’une des tentes, aux côtés de celles où reposaient les aventuriers de ces Terres.
Les tentes voisines s’agitèrent sans bruit. Quelques silhouettes s’en échappèrent, toutes marqués du sceau ancestral des Enfers qui rougeoyait dans la noirceur environnante. Au milieu des ronflements qui s’élevaient incessamment, ils marchèrent les uns derrière les autres, à pas feutrés. Les gravillons du sol furent un ennemi redoutable contre la discrétion.
Les armes y étant strictement interdites, les disciples d’Hadès s’emparèrent alors de leurs armes respectives une fois parvenue à la sortie marquée par une petite falaise instable.
Un nécromant aéride, Woodoo, s’avança inconsciemment vers la pente abrupte, cachée dans l’obscurité de la nuit. Derrière lui, les autres Enfers s’affairaient à ne pas se perdre les uns les autres, et à bien s’assurer de posséder le matériel nécessaire à la séance d’entraînement qu’ils comptaient organiser.
Le nécromant infernal se rapprocha de quelques pas, pensant s’engouffrer dans le chemin de sable qui menait aux bords de l’oasis. Son pied droit se posa fermement sur la terre ferme, puis, machinalement, le pied gauche s’éleva.
Un bruit presque imperceptible malgré le silence de la nuit se fit entendre quelques mètres en contrebas. Alerté, le nécromant aéride, ramena sa jambe en arrière, qui heurta au sol les gravillons. Un léger bruit s’en échappa. Même si la nuit empêchait toute vision à plus d’un mètre, l’aéride garda son regard porté vers l’oasis dont on ne percevait que le doux son du flux et reflux de l’eau s’échouant sur le sable.
- Il y a quelqu’un autour de l’étang, soyez sur vos gardes ! murmura-t-il, à peine audible.
Le silence se brouilla à nouveau. Des bruits de pas furtifs et étouffés – probablement par le sable- surgirent des rivages de l’oasis. Il y avait quelqu’un, assurément.