Asaliah

Une marche ...
Puis un autre ...
De longues marches sans fin...
Me menant tout droit au Coeur du gouffre infernal.

Plus que certaine, j'avançais non avec précipitation ou au contraire profitant de mes derniers instants. Mais avec des pas sûrs et certains, décidée à y pénétrer à en faire mon nouvel Empire.

Après de longues minutes.. J'arrive enfin sur le pallier, le sceau démoniaque rougeoyant un peu plus lorsque mon pied foule le sol.
La porte se dressant si fièrement à mon regard.

Je redresse alors mon visage et contemple le passage... Faisant glisser la capuche le long de mes cheveux ..

Vide .. aucun bruit sauf mes pas qui résonnent, personne hors cette chaleur étouffante... Lasse du trajet pour venir me présenter, la fatigue commence à prendre le pas.
Puis mes yeux restent fixés sur les inscriptions.

-§- Hoc opus, hic labor est -§-

Un léger sourire se dessine sur le coin de mes lèvres. j'en attendais pas moins.
Je glisse alors ma main sous la capeline de jaisi et en retire une fioline remplit d'un nectar pourpre.

ôtant le capuchon, je porte alors à mes lèvres ce breuvage si subtile.. la fatigue s'estompe alors. Puis comme une légère brise ... un léger frisson me parcourt l'échine.
Je ferme les yeux, referme la fiole, puis je m'abaisse, et dans un geste délicat, et fais rouler le verre jusqu'au pieds de la porte démoniaque.

Elle marche tranquillement. Elle sourit même. Elle a l'air à l'aise, elle boit, respire calmement. Trop.

La fiole roule jusqu'a mes pieds.
L'insouciante ne me voit pas. Pas encore.

Comme à chaque fois, mes yeux rouges s'allument.
Je ramasse la petite bouteille. Il reste un fond de nectar.

Je le bois, puis sourit.
Elle a raison, c'est vraiment bon.

Je m'approche un peu d'elle, sortant du mur de tenebres que je ne quitte que très rarement.
Ainsi, elle peut voir mon sourire à son tour.

Les sourcils froncés, mais la voix plus douce que je n'aurait voulue, je brise le silence profond :

Présente-toi, l'Hérétique.
Et dis haut et fort quelle douce folie t'amene içi.

Pas pour moi. Moi, je le vois dans ton regard.
Mais, tu sais, c'est la coutume.

Je la fixe.
Mes yeux rougeoyants transpercent son âme et lisent dans son coeur. Ou ce qu'il en reste...
Beaucoup de gens ont eu peur quand ils étaient à sa place.
Tous sont morts.

Mais elle continue de sourire.
Comme moi, après la bataille...

J'entends le bruit du verre sur les dalles lugubres, la fiole à été saisit..
Quelques secondes ... puis je relève alors mon visage.

Jeune femme aux yeux de braises, femme gardienne au sourire idyllique...
Elle prononce alors ces quelques mots. Pour sa bienveillance, je m'incline devant mon hôtesse puis me redresse.

DouCe folie empreinte de passion,
La mort trace mon destin...
Mais le sang est ma profondeur,

Je me prénomme Asaliah, Sorcière de Vulfume, ce sot qui n'a su garder mon âme,
Et les Enfers .. quoi d'autre pour étancher ma soif,
Chaque âme douloureuse croisant mon chemin portera votre sceau,
Chaque perles de sang qui jaillira sera mon offrande,
Chaque cadavre se souviendra de cet Empire.

Je viens porter allégeance..
Broyer chaque muscle venant à croiser mon Chemin.
Exceller dans mon art au service des Abîmes,
Porter les Enfers à leur apogée.

Mon regards se porte au le sol.. Puis de nouveau sur la gardienne, sourire aux lèvres.

Je suis la voie qui m'est destinée.

Inclinant une nouvelle révérence à la fière guerrière.

Mes yeux grossissent malgré moi. Etonnée, c'est le moins qu'on puisse dire.
Cette fille au sourire n'est pas là pas hasard.
Elle devait venir.
Comme si nous aussi, nous l'attendions, la Porte et moi.

Releve-toi. dis-je simplement en posant ma main sur son épaule pour accompagner son mouvement.
Combien de fois avais-je touché une personne sans qu'elle ne meurt après ?
Je dirais... qu'il faut une main pour compter...

Je retire ma main, comme si elle me brulait.
Je souris, malgré mon erreur invisible.

Je plisse les yeux. J'ai une dernière question avant qu'elle passe... ou non.

Asaliah...
Que sais-tu de Hadès ?

Prend ton temps...
On n'efface pas les mauvaises réponses.

Je ne souris plus. Mon regard parle. Il est bienveillant. Enfin je crois...

La main de la gardienne vient se poser sur mon épaule m'invitant à me redresser.
Ce que je fais de suite, mon regard plongeant étrangement dans le siens alors que son contact se dissipe.

Une légère gêne de la part de mon hôtesse se fait ressentir...
Je reste perplexe. Mon regard fait miroir au sien, mes yeux se plissent...

Ce n'est pas tout...
Il me reste encore une étape à franchir ..
je le sais ..
je le sens.
Puis la gardienne parle, confirme ce sentiment et me pose alors l'ultime question.

Hadès !

Mes yeux se ferment, mes mains se joignent, mon pied gauche quitte le sol et un timide sourire s'affiche sur mes lèvres.

Hadès !
Souverain et Dieu du Monde Souterrain et du Royaume des Morts.
Hadès !
Règne sur les morts, assisté de démons auxquels il impose son autorité.
Hadès !
Dieu le plus haït des mortels et que même les dieux ont en horreur.
Hadès !
N’est autre que la tombe où vont tous les mortels.
Hadès !
Possède l’âme des morts ainsi que l’or et l’argent enfouit sous terre.

Mes yeux s'ouvrent à nouveau.. mon euphorie s'estompe, mon regard se pose sur la jeune femme.
Puis d'une voix tremblotante je poursuis,

Hadès le maitre incontesté des Abimes Infernaux... Puissant.. Redoutable combattant..
Son Empire est tel sa magnificence, le Royaume des Morts ou nul ne pourra s'échapper.

Je plisse les yeux de nouveau, ma gorge s'assèche, je soupire alors, ne sachant si c'était vraiment les propos tant attendus.

Mon désire de rejoindre les Enfers est avant tout une nécessité, Hadès je ne saurais dire si les légendes qui m'ont été portées, sont exactes ou non sachant que le bouche à oreille n'est que peu fiable.
Souhaites tu savoir si oui ou non j'y crois, alors oui, c'est le cas !
Comment ne pourrasi-je vénérer un Dieu qui requière toutes mes aspirations et mes souhaits...

Si le Sang et la Mort font partie de son Empire, alors Cet Empire est mien !
La plus serviable et fidèle dévouée qu'Hadès puisse avoir à ses cotés.

Laisses moi servir notre Dieu et son empire.

J'incline légèrement mon visage, poing serrés sur ma poitrine.
J'attends alors le verdict.

Je recule... c'est incroyable...
Si je pouvais fermer les yeux, je pourrais croire que c'est un vieux Démon qui parle...

Ma bouche s'entrouvre, je vais parler, mais je suis presque sans voix.
Je toussote. J'attends un peu.

Asaliah...
Il y a quelque chose que me contrarie fortement...

Et je deteste être contrariée...
Un grondement sourd vient couvrir ma voix. Un croulement lointain et proche à la fois, apportant un danger, forcement...

Asaliah...
Tu aurais dû venir bien plus tôt.
Le bruit augmente, puis s'estompe soudainement.

Derrière moi, la Porte entrouverte laisse passer une lumière rougeâtre aveuglante, et des vapeurs de souffre.

Ici débute la deuxième épreuve.
Suis l'Ombre.
Fais face au Juge, dans l'Arcane.

Tu ne peux plus reculer.
Ton destin est déja scellé. Quelque soit le Jugement, tu ne seras plus jamais la même.

Adieu, Asaliah.

Le poing serré, les yeux à demi clos, la gardienne tarde à se faire entendre mais après quelques secondes sa voix retentit, brisant le silence.

Elle me nomme, puis un bruit fort provenant de par delà la porte semble s'approcher encore un peu plus ..
Terrifiant, surprenant .. Ou la consécration de cet entretien.

La voix de la jeune femme s'élève à nouveau, lorsqu'au même instant le grondement démoniaque cesse.

Venir bien plus tôt... J'en prenais conscience à l'instant, à l'instant même ou j'avais pénétré dans ce sanctuaire.
La porte s'entrouvre, le rougeoiement étincelant vient percer l'obscurité, m'indiquant alors le chemin.

Mes yeux restent fixés, je les ferment quelque instant savourant l'odeur des Abîmes.

La femme ténébreuse aux yeux de braise, me prévient... M'indique la marche à suivre, je l'écoute attentivement, les yeux rivés sur l'entrebâillement de la porte.
Puis un Hochement de tête vient à prendre possession de ses propos.

Un pas, puis un autre, je suis la lueur vermeille, pénétrant alors dans la bouche des enfers