Thanos.

-J’en ai marre! Cela fait maintenant trois jours que je marche vers cette fichue porte, et la voilà fermée !

Le magicien se tourne vers un énorme rocher qu'il morcelle en cubes d'à peu près la taille de son poing et les balance sur la porte grâce à son souffle. Les pierres se fracassent sur l’emblème centrale «-§- » et le bruit qu’elles provoquent en s’éclatant sur la porte envahit l’alcôve où il se trouve. Espérons que ce vacarme réveille ces fainéants de vigiles qui doivent boire pour oublier l’ennui de leurs conditions.

Un énorme bout de caillou, sorti d'on ne sait où, vient atterrir à deux cheveux du pied gauche de Thanos.

Voilà !
Ca t'apprendra, grosse brute !
La prochaine fois, ce sera la moitié de la montagne, et ce sera sur ta gueule, compris ?

Ah mais !
Je finis de descendre de la paroi rocheuse en un petit bond élégant, reposant le vieux manche de hache qui m'a servi à faire levier.

Quoi ?...

Vous pensiez quand même pas que je l'avais lancé ???

-C’est ça, c’est ça, j’en profiterais pour mettre l’autre moitié sur la tienne, de gueule.
Il s’avance en shootant dans une pierre vers l’inconnue et continue d’une voix agacée.
-Que dois-je faire pour que cette porte s‘ouvre ?

Nan mais il est pas vrai, celui-là.
C'est une blague.
Sun va sortir d'un coin en rigolant, c'est pas possible...

...
Mais si, c'est un vrai.
Un vrai de vrai.

J'éclate de rire. Longuement.
Quand j'arrive à me reprendre un peu, le lui balance, goguenarde :

Pour que cette porte s'ouvre il faut que je décide (insistance sur le je) que tu es digne de la passer.

Sourire narquois.

Et là, je dois dire...
Le coup des cailloux façon môme impatient, et des menaces à deux pièces d'or... on va dire que t'es pas sur le bon chemin, l'homme.

Mais je suis gentille, je vais te laisser une occasion de m'expliquer pourquoi tu es tellement pressé.

Je croise les bras sur la poitrine, j'attends...

Je me retiens de lui relancer qu'après trois jours de marche je suis crevé physiquement et que j'aurais bien besoin d'une vraie nuit de sommeil. Dormir entourée d'une boule de protection m'a épuisé. Mais après tout, je suis en présence de la gardienne de la porte, oublions la fatigue, ou du moins essayons de feindre de ne pas l'être...

-Veuillez m'excuser ô douce demoiselle. Qu'ai-je donc était stupide de m'introduire, auprès de vous, de la sorte. Abîmer cette majestueuse porte à coup de pierres...

Saisissant mon chapeau, je lui fait faire des pirouettes inutiles et m'incline légèrement, assez pour lui signifier que ce salut est réelle, sans pour autant m'abaisser assez pour montrer une différence sociale.

-Laissez moi me présenter, Thanos, magicien sylphe.
Si je suis là, c'est car je m'ennui depuis bien trop longtemps. Ceux que je considéraient comme les miens ne sont plus que des guignols qui jappent timidement et ceux qui peuvent à coup sur les détruire, c'est vous.
Me voilà donc là pour deux raisons: annihiler ceux qui me font honte, mais avant tout, j'ai ouïe que vous étiez de bonne compagnie, euh... votre clan bien évidement.

Dommage que le test d'entrée ne soit pas la tête d'une gardiens, sa aurait été tellement plus simple,décroché sa tête de ces petites épaules... salive.

[HRP]Excellent la classe. =D

Hé bien gamin...
Toi aussi tu jappes, et tu le fais trop fort.

Je m'approche doucement, derrière lui. J'ai le petit sourire arrogant qui sied si bien à mon Lys Tigré. Je plonge mon regard dans ses yeux malicieux. C'est comme une chaleur qui m'enveloppe, une bienveillante celle-ci, pas comme celle qui règne ici bas.

Le magicien se retrouve entre elle est moi.
Mais moi, j'en impose plus que ma concubine boule de nerf.

Mes oreilles ont sifflé, dis-je, simplement.
Tu viens à peine d'arriver et tu m'agaces déjà...

J'ai rêvé ou...
tu l'as appelé "demoiselle" ?!
Le volume de ma voix augmente et je m'approche de plus en plus. Au bas mot, j'ai deux têtes de plus que lui.

Je suis presque collé à lui, je le toise de ma hauteur, avec le regard dédaigneux que je n'aime pas lancer.

Et tu l'as aussi appelé "douce" ?..
Tu aimes jouer avec ta vie on dirait... Tu as de la chance que je sois intervenu...

Prie pour en avoir encore...

J'attends que ma phrase s'estompe et que le silence de plomb retombe comme une chape sur nos silhouettes immobiles.

Si j'ai bien compris...
Tu suis le vent et place tes petits intérêts du coté du plus fort...

Tu n'hésites pas à injurier tes amis et ceux qui ont partagé tes rêves...
Le passé est trop important pour être balayé, quel qu'il soit.

Si tu n'as aucune croyance,
si tu n'as pas le respect de ce que tu es et as été,
si tu penses à toi et à ta minable vie avant tout...

Je crois qu'il est temps pour toi de retourner voir le Soleil briller.

« Hé bien gamin… »
Encore un. Je regretterais presque le vacarme que j’ai fais avec ces pierres. Je peux à peine échanger deux phrases avec ma mystérieuse inconnue que son preux chevalier débarque.

…

Il s’approche… Rien qu’à les voir, je sens déjà la fatigue redoubler, l’épreuve commence vraiment. Le parcours jusqu’ici, la sensation et la chaleur du lieu qui nous entoure et cette porte à première vue infranchissable ne sont là que pour décourager les plus faibles.

Le voilà presque à ma hauteur, je fixe toujours celle qui m’a accueilli en attendant que le géant vienne à porter… Il se place à quelques pas derrière moi. Me retournant, je m’amuse à le voir me toiser de sa taille et son regard, comme si rien que par ma présence je l’agaçais déjà.
Encore mieux, à l’écouter, il est presque là pour me sauver de son amie. Non le contraire.

Je vérifie mes bagues dont je tire mon pouvoir. L’onyx, le jais, la jade, toutes là ne désirant qu’à être utilisés. Je rigole presque de la bêtise du second de s’être approché d’aussi près. Sa compagne est restée distante. Elle nous regarde près de son rocher dont elle n’a pas bougé depuis tout à l’heure.

Je ne sais pas encore s’il m’a remarqué, mais sa voix change de ton. Les plaisanteries cessent.
…

-Tu te trompes. Je n’injurie pas ceux qui étaient les miens. Car les miens ne sont plus.
Je marque une pause, le dégoût se lirait presque sur mes traits.

-Ceux que je viens d’insulter sont des âmes qui errent et se rallient au plus fort pour survivre. Je les ai quitté avant la chute minable que nous voyons aujourd’hui. Donc non, je n’oublie aucunement ce passé, bien au contraire.
Mais je dois t’être honnête, ce n’est pas pour la jupe bien courte de ton amie, ni pour cette sympathie qui transpire de toi rien qu’à t’écouter, mais il y a bien une raison qui m’amène ici. J’aspire à effacer de ces terres une partie de mon passé pour le clore. J’ai besoin de passer à autre chose.
Cependant, comment le pourrais-je quand je vois l’Union intégrer dans ses armées l’ancienne Escorte ? Celle qui subsiste n’est même pas l’ombre de ce qu’elle était. Ceux qui la dirigent obéissent à des ordres d’étrangers. Ce n’est plus qu’un sous ensemble d’un pseudo empire appelé l’Union.
Je cache à peine mon dégoût et murmure pour moi-même :

C’est seulement quand on a tout perdu qu’on est libre de faire ce que l’on veut…

Mmmmmmh...
De la fierté.
De la dureté.
Un brin d'arrogance... bon, un gros brin.

Je l'observe tandis qu'il se dresse sur ses ergots (devant Sun, tout le monde doit se dresser pour ne pas avoir l'impression d'être un vermisseau, je dois être la seule à ne plus prendre la peine de le faire, ayant admis depuis longtemps que, face à lui, je SUIS un vermisseau...), et je prends note mentalement de tous ces traits que les Démons affectionnent.

Une chose étrange cependant.
Pas un mot sur leur Hadès...
...

C'est même cette petite lacune qui m'amène à croire en sa sincérité.

Echange de regards avec Sun Jian.
Et, à mi-voix :

Et toi qu'en dis-tu ?

Pour moi c'est bon.
Il lui restera à débattre des questions de foi avec un des Juges.
Mais ça ce n'est pas notre affaire.

Tu n'en sais rien non plus, hein, ma Za'Hya ?..

Quelque chose me trouble cependant. Comme si tous ces gestes et ces paroles étaient dictés.
Je ne vois que ça...
C'est soit une hypocrisie infinie, soit un chemin tracé...

Mon devoir ne m'oblige pas à déceler la vérité.
Pourtant, j'ai l'impression d'apercevoir des accents de fausseté, comme si c'était préparé et bien rodé.
Depuis que nous sommes coincés ici, je vois que même les Démons qui fut nos ennemis par-delà les siècles, ont des valeurs.
Nous avons été placé devant cette Porte pour voir qui en a et qui n'en a pas.

Obéissance.
Croyance.
Famille.
Force et Courage.
Ce sont les qualités principales que j'ai pu remarquer chez les Démons.
Elles sont plus que louables et je peux me vanter d'avoir les mêmes.

Si tu penses être à la hauteur, si tu n'as vraiment aucun doute...
Alors va.
Mais n'espère pas revenir, d'une façon ou d'une autre, nous ne nous recroiserons plus.

Tandis que je parlais, le lourd battant de la Porte pivotait, juste assez pour le laisser passer.

Je n'y crois pas, ma chérie. Quelque chose ne va pas..., dis-je, tout bas, en me rapprochant de la petite Gardienne.

Sans aucune hésitation n'y même un regard en arrière, je franchis cette porte sourde à mes coups. Le plus dur reste à venir...