Zhamath

Il arpentait d’un pas lourd une route perdue en titubant comme un ivrogne, lorsqu’il se fit couper le chemin par un agglomérat de grandes montagnes. Sur l’une de ces montagnes se trouvait un trou béant, qui visiblement, n’était pas très accueillant. Ne faisant jamais honneur à ses responsabilités et n’ayant jamais eut de conscience, il entra sans gène dans cet orifice lugubre. En entrant, il se pinça le nez. Une odeur pénétrante de cadavres travaillés par les larves se faisait sentir.

* Même mes chaussettes sales n’osent pas répandrent des effluves aussi abjects ! * pensa-t-il.

Il continuait de marcher lorsque sa tête vint heurter une surface coriace. Ne voyant rien, il décida d’intenter un sort contre ses yeux de malvoyants.

- Oh yeux sombres, yeux clairs vous deviendrez ! Hurla-t-il.

Une vive lumière rouge fit son apparition au milieu de cette grotte cafardeuse.

* Tiens ! Prend ça, penumbra ! *

Une porte se trouvait devant lui, ornée d’un signe qu’il reconnu aussitôt. Il cogna maladroitement trois coups sur cette porte titanesque.

* Ne te laisse pas impressionner, cette porte est beaucoup plus petite qu’un ... Un ... Bah non en faite, laisse toi impressionner. *

Le guerrier venait de finir sa longue sieste, enfin une sieste, ce fut plutôt, comme à chaque moment de repos que prenait le combattant, une période plus ou moins longue de réflexion. Il arpentait lentement le domaine immense des siens, les Enfers, en direction de la Porte, en effet, Leif allait se rendre une fois de plus à la lumière bienfaitrice du soleil.

Arrivant à proximité, il entendit frapper quelques coups de faible intensité. Les Gardiens étaient apparemment indisponibles sur l'heure, ce fut donc le guerrier qui ouvrit la Porte, faisant alors face à un homme d'apparence plutôt pauvre, mais peut-être étais-ce simplement en comparaison des merveilles qui couvraient les profondeurs de la cité.
Il plonga son regard dans le sien, et s'adressa à lui. L'homme ne pouvait, comme personne d'ailleurs, voir les yeux de Leif, et ne devinait donc pas quel ton il allait adopter.
Il parla ainsi:

"Je me nomme Leif, combattant des Enfers. Tout d'abord, j'aimerai savoir à qui je m'adresse? Je souhaiterai aussi connaitre le motif de ta visite."

Toisant l'homme d'un regard pénétrant et sans expression, Leif attendit une réponse.

Toisant l'homme d'un regard pénétrant et sans expression, Leif attendit une réponse.
Ce premier sourit et tendit la main. Il faisait preuve d'une certaine assurance, et bien que cela ne plut pas franchement au guerrier, ce pourrait être une bonne chose.Ne voyant aucun signe encourageant de Leif il baissa la main, et prit la parole, commencant par une touche de plaisanterie, ou de folie, en tentant d'imiter le ton du combattant au blason rouge. Puis il enchaina:

- Euh, je veux dire ... Je me nomme Zhamath et je suis arrivé il y a quelques heures dans le sein de votre repère peu diplomate pour être recruté. J'écoutais sagement les histoires d'un vieux déraisonné un jour dans une taverne, lorsqu'il suscita mon attention en parlant de votre patrie mythique. En l'écoutant avec intérêt, j'ai découverts que nous partagions les mêmes convictions.

Leif ne fut guère étonné de la démarche du nécromant, il avait lui même accomplit une quête assez similaire, bien qu'elle ne s'était pas déroulée de la même manière.

"Les mêmes convictions dis-tu? J'aimerai bien avoir un avis un peu plus explicite sur cela. Que représentent les Enfers pour toi? Et d'après toi, que pourrais tu bien leur apporter?"

Leif savait que ses questions pouvaient être compliquées, mais il n'allait pas laisser entrer une personne en laquelle il n'aurait pas un minimum de confiance, dans le domaine des Enfers.

"Je dois aussi te dire que ce n'est, en tout cas pour le moment, pas mon rôle d'acceuillir les étrangers, et que tu peux, selon la coutume, demander à faire face aux Gardiens de la Porte. Saches aussi que même si tu arrives à entrer, il faudra te faire accepter par le Juge, si tel est réellement ton choix, de laisser ta vie aux Enfers."

Leif attendit, une nouvelle fois, une réponse du dénommé Zhamath.

Leif écouta attentivement le nécromant, examinant attentivement chaque phrase. L'humour était apparemment un atout de l'homme, mais cela n'étais pas tout à fait une qualité primordiale pour se prétendre l'égal d'un démon.

"L'incarnation du mal, c'est une vision quelque peu simpliste, mais pour le moment, nous résumerons à cela la situation. Cependant, une phrase m'intrigue quelque peu, tu dis avoir envie d'être celui qui poignarde, cela dit, qui me dit que nous ne serons pas ta cible principale? De plus, l'idée de lacheté en frappant dans le dos ne me plait pas. Cela dit, je pense qu'il s'agit simplement d'une mauvaise tournure de phrase que tu as employée. Toutefois, ton envie de meurtre serait indéniablement un atout pour répandre le chaos à la surface du monde."

Leif dévisageait le nécromant, se demandant intérieurement s'il pouvait se permettre de le laisser entrer. Il attendit la prochaine réponse avant de se décider. Une dernière question, une de plus, lui vint à l'esprit.

"J'aimerai aussi que tu me parles de toi, de ton passé, de ton présent."

Les prochaines paroles de Zhamath pourraient être décisives pour son sort, pour sa vie, et il devait le savoir.

* Encore une question ? Je gagne quoi après ? * Pensa-t-il, rigolant intérieurement.

- Mon passé est très flou. Je me souviens avoir vu mes parents disparaître, s'éloignant de moi en me laissant seul dans une forêt. Ayant appris à me débrouiller, j'ai réussis à vivre seul par mes propres moyens. Il n'y a pas très longtemps, je suis tombé sur ces terres par un pur hasard, mais il faut dire que mon destin était déjà bien tracé, puisque l'on m'invita à choisir un élément. J'ai choisi celui de l'air. Non seulement est-ce synonyme de liberté, mais la température d'Aeris n'est pas pour me déplaire. Jusqu'à ce jour, j'arpentais joyeusement les terres, effrayant quelques passants de mon allure hagarde. Et ayant plusieurs pulsions meurtrières, je me suis dit qu'il valait mieux répandre la mort en équipe plutôt que seul.

Il rigola

- L'union fait la force !

* Non, non et non ! Idiot ! *

Mes paupières se soulevèrent, lentement.
Des voix m'avaient tiré de mon sommeil. C'est étrange. D'habitude, Za'Hya et moi, ne dormons jamais en même temps.
C'est comme si la fatigue, la pesanteur, et toutes ces choses amplifiées ici avait eu raison de mon attention.
J'ai été entrainé pour lutter contre elles...
La Mort m'aurait-elle enlevé autant ?..

Mon réveil est contrarié...
Prendre conscience de ses faiblesses n'est jamais bon.

Surtout en terrain ennemi.


Deux hommes parlent, devant la Porte. La tête de ma princesse repose sur mes genoux, même quand elle dort, sa respiration est trop rapide, son visage trop tiré, dans cette mimique d'agacement profond que je suis le seul à apprécier...
Je ne peux me résoudre à la laisser sur le sol brulant, dans l'inconscience de ses faiblesses. Je la prends dans mes bras, comme j'aime à le faire, et m'approche de la scène.

L'un d'eux est un démon. Je me souviens de sa venue, il était serein et réfléchi, comme tout ceux de sa race. Maintenant il est encore plus posé... C'est la supériorité des Démons. A chaque fois je l'ai sentie, ici, tout leur est permis.

L'autre...
Je ne l'ai jamais vu. Il est agité... pas seulement physiquement.
Le peu d'âme qu'il semble garder, vibre.

S'il tient encore debout, c'est que Leif ne l'a pas encore assez secoué.


Tu crois au destin, Étranger ? dis-je, en me plaçant juste derrière lui. Je commence à être habitué, mais sur lui, c'est encore plus flagrant, je le dépasse de presque un mètre.

C'est un signe de faiblesse, pour eux. Tu n'es pas encore conscient de qui ils sont.
Les remords, les regrets, l'individualité, l'amitié... l'humanité...

Tu dois connaitre ça, non ?

Je sondais son visage.
Impossible de dire à quoi il pensait.
C'est comme si plusieurs idées se bousculaient. Le pire, c'est que plusieurs sortaient en même temps...

Eux...
Ils ont dû oublier ça... Tu n'es plus chez les hommes, c'était l'étage d'au-dessus.

Tu sembles si faible que je pourrais te souffler comme des graines de pissenlit.
Je ne saurais dire si tu es vide... ou si tu es trop...


Répond à cette question...
Puis tu cesseras d'exister. Que tu passes cette Porte ou pas.


Je regarde Leif par dessus l'étranger. Tes premiers coups étaient bien placés. Passons au final.
Tu n'es pas comme les autres... Tu aurais dû le tuer.
J'espère ne jamais voir ça... pensais-je, en déposant, malgré moi, un baiser sur le front de mon aimée.

Zhamath venait de répondre, lorsque Sun Jian arriva à son tour, portant Za'Hya, son aimée, dans ses bras. L'immense Gardien prit la suite de Leif. Ce dernier pensait avoir bien préparé le terrain, mais que pensais donc Sun Jian? Toutefois, ce n'était pas le rôle de Leif que de garder la Porte, il laissa donc sa place.
Son départ vers les terres mortelles n'avait été que trop retardé déjà, il laissa donc le nécromant face à son avenir encore incertain.
En passant, il adressa un sourire en coin à Sun Jian, bien que son visage était masqué, le Gardien avait certainement du s'en appercevoir. Leif avait beaucoup d'estime pour les deux Gardiens.

"Je te laisse donc la place, à une autre fois j'espère Sun Jian, je reviendrai d'ici quelques jours."

Il avanca encore de quelques pas, et passa devant Zhamath.

"Voici la première véritable épreuve de ta vie, adieu."

Et le guerrier disparut dans l'ombre.